Aperçu économique

Guerre froide des monnaies : le dollar américain et l'euro en vainqueurs ?

L'optimisme des investisseurs en Europe est à son plus haut niveau depuis des années, mais la faiblesse du dollar américain fait de plus en plus craindre une trop grande vigueur de l'euro.

L'optimisme des investisseurs en Europe est à son plus haut niveau depuis des années grâce à la vigueur de l'économie et au dynamisme des marchés. Il y a toutefois un hic : la faiblesse persistante du billet vert fait de plus en plus craindre une trop grande vigueur de l'euro, ce qui aurait un impact négatif sur les bénéfices des entreprises et la croissance économique.

Pourquoi le dollar américain s'est-il autant déprécié et jusqu'où peut-il aller ? Autre question tout aussi importante : quelles peuvent être les conséquences pour l'Europe d'un raffermissement de la monnaie unique ?

La guerre froide des monnaies

Le repli de 10% du dollar face à d'autres grandes devises en 2017 et les propos tenus le 24 janvier par le Secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, lors du Forum économique mondial à Davos (pour qui la faiblesse du dollar est intéressante pour les États-Unis à court terme) n'ont fait que confirmer l'engagement de l'administration américaine dans une « guerre froide des monnaies », guerre qu'elle est d'ailleurs en train de gagner.

Les guerres froides ne passent pas par des batailles ouvertes (interventions sur les changes par exemple), mais plutôt par des mots et des actions indirectes. Si les propos nourrissant cette guerre froide ont été clairs et nets, de quelle action indirecte est-il question ? Plusieurs actions menées récemment interviennent selon nous : (i) une politique d'expansion budgétaire menée à un moment peu opportun du cycle économique, essentiellement financée par un accroissement de la dette publique et (ii) une Réserve fédérale qui ne souhaite pas faire plus que prévu en termes de resserrement monétaire, tout en évoquant la question d'une flambée de l'inflation. Ces actions envoient un message sans équivoque aux marchés, même s'il demeure implicite : Un dollar faible est l'objectif visé. Les marchés ont bien compris le message.

Si les États-Unis ont l'avantage dans cette guerre froide des devises, cela s'explique par le déséquilibre des rapports de force. Donald Trump, avec sa menace de protectionnisme, manie le plus gros bâton. L'Europe et le Japon s'inclinent donc et ne sont pas intervenus, ni en paroles, ni en actes, pour endiguer l'appréciation de leur devise. Au contraire, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon ont réduit le rythme de leurs achats d'obligations et l'institution de Francfort a même laissé entendre qu'elle pourrait mettre fin aux achats nets plus tard dans l'année.

Pendant combien de temps tout cela peut-il durer ?

La dynamique marquée par un faible dollar pourrait rester en place pendant un certain temps dans la mesure où les motivations n'ont pas changé pour les protagonistes de cette guerre froide. Le déficit commercial américain s'est creusé l'an dernier et la politique d'expansion budgétaire devrait attirer des importations supplémentaires cette année. L'administration Trump devrait dès lors continuer de privilégier un dollar faible tant que cela ne débouche pas sur une débâcle du marché obligataire. En outre, avec l'imposition de droits de douane sur les importations de machines à laver et de panneaux solaires le 22 janvier, l'administration Trump a témoigné de son empressement à recourir à l'arme protectionniste.

L'Europe et le Japon ne devraient dès lors guère s'opposer à cette politique de faible dollar menée par les États-Unis. Même si, lors de sa conférence de presse du 25 janvier, le président de la BCE Mario Draghi s'est montré quelque peu préoccupé par la « volatilité des changes » et les « déclarations faites », il est peu probable que la BCE se rebelle davantage.

L'Europe peut également en sortir gagnante

Si le net raffermissement de l'euro se poursuit, des risques baissiers risquent de peser sur les bénéfices des entreprises, la croissance économique et la capacité de la BCE à se rapprocher de son objectif d'inflation proche de 2%. Toutefois, cette appréciation de la monnaie unique permet également de prendre conscience que l'économie européenne est susceptible de péricliter. À ce titre, elle pourrait servir de catalyseur à des changements politiques visant à s'attaquer aux problèmes auxquels l'Europe reste confrontée sur les plans structurel et institutionnel.

Une fois qu'un nouveau gouvernement allemand de grande coalition aura été formé (ce qui devrait être le cas d'ici mars), les différents gouvernements européens devraient reprendre plus intensivement les débats sur les nouvelles mesures à prendre en perspective d'une union bancaire (en particulier de l'assurance-dépôt commune) et d'une plus grande intégration budgétaire.

Les propositions du Président français Emmanuel Macron sur une plus grande intégration ont été étonnement bien accueillies par les partis qui formeront probablement la coalition allemande (le SPD, la CDU et la CSU), comme on peut le lire dans leur rapport de synthèse des pourparlers préliminaires. Bien entendu, le diable se cache dans les détails et la transition vers une véritable union bancaire et une capacité budgétaire commune pour faire face aux éventuels chocs devrait prendre du temps. Il est également probable qu'elle implique un assainissement des prêts non performants et une moindre exposition au risque souverain au niveau des bilans des banques.

Toutefois, rien de tel qu'une menace imminente pour pousser à la réflexion. Et c'est bien là qu'une poursuite du net raffermissement de l'euro peut s'avérer intéressante. Les États-Unis sont en train de gagner la guerre froide des devises, mais si l'Europe réagit de la bonne manière, elle pourrait également en sortir gagnante en parachevant son union économique et monétaire.

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